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Marion, une condition féminine au XXe siècle

Livre numérique


Orpheline de guerre, comme beaucoup d’enfants de sa génération, Marion ne connaît son père que par des photos : un jeune homme aux yeux clairs et à la lèvre souriante, un héros de Verdun. Elle est heureuse avec sa maman, une modeste couturière, qui l’aime exclusivement, jalousement, comme une mère qui a reporté sur son unique enfant tout l’amour qui est en elle. Mais alors que Marion n’a pas 10 ans, une catastrophe se produit. Sous le tunnel des Batignolles, deux trains entrent en collision et déraillent. La maman de Marion est morte. Marion quitte l’appartement lumineux où elle vivait avec sa maman pour la sombre et étriquée loge de concierge de sa tante, une femme rude, mais aimante. L’amour et la protection de cette tante permettent à Marion de grandir, d’aller à l’école, de faire de la natation. Elle trouve un emploi dans une usine de sacs en papier, d’abord dans les bureaux, puis dans l’atelier. C’est alors qu’elle connaît la condition d’une ouvrière de l’entre-deux-guerres que Marion s’émancipera. Elle se méfie des hommes, car le compagnon de sa tante avait tenté de l’abuser. Mais elle rencontre Gilbert Sandrier, un réparateur de bicyclettes. Il sait l’aimer tendrement, ils s’installent et trouvent un appartement. Ils vivent pleinement les loisirs des années 1930. Marion veut un enfant, mais Gilbert n’en veut pas.

La guerre arrive, Gilbert est mobilisé. C’est la débâcle. C’est l’exode. Marion veut rejoindre ses beaux-parents dans l’Aveyron, mais elle ne parvient que jusqu’à Vierzon. Gilbert est fait prisonnier et est envoyé en Bavière. Devant l’arrivée des Allemands à Vierzon, Marion doit rentrer à Paris. Elle subit la condition des « veuves d’hommes vivants », c’est-à-dire des femmes de prisonniers de guerre, ainsi que la privation des années d’occupation, et souffre du peu de reconnaissance que l’on accorde aux épouses de prisonniers. Elle voit ceux qui savent profiter de cette occupation. Lors de sa dernière permission, Gilbert lui avait laissé un souvenir, qu’elle s’empresse de lui annoncer par une lettre. Mais soucieux de ce que cela implique, Gilbert lui suggère qu’il vaut mieux « le faire passer ». Marion suivra les conseils de son mari. Dès lors, elle ne vivra plus que dans l’attente du retour de son prisonnier de mari. Elle refusera tout plaisir, tout divertissement, estimant que lui n’en a pas. Elle consacrera ses rares économies à lui faire parvenir en Bavière des colis pour améliorer son quotidien. C’est presque une vie d’ascète que mène Marion. Jusqu’à ce qu’un soir…”

Rose Barberousse est née à Brinon-sur-Sauldre dans le Cher en 1896. Elle est morte à Romorantin dans le Loir-et-Cher en 1993. Elle est la sœur de François Barberousse, l’écrivain du début du XXe siècle que les Solognots avaient oublié jusqu’à ce que les éditions Marivole publient son troisième roman, presque 75 ans après son écriture. Rose Barberousse fut un témoin privilégié du XXe siècle. Avec ce roman, elle nous décrit la condition des femmes de son époque. La publication des livres de François Barberousse a poussé une de ses petites-nièces à nous apporter des manuscrits rangés dans un placard, il y a plusieurs décennies.