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Ce sentiment qui nous rappelle : Déclinaisons de la nostalgie chez Giorgio Caproni, Philip Larkin, Claude Esteban et Seamus Heaney

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Pour pouvoir parler de déclinaisons, il faut qu'il y ait une racine commune à partir de laquelle les flexions puissent pousser. Cette racine partagée qui marque la nature profonde de la nostalgie est la condition d'excentricité, c'est-à-dire le sentiment d'un manque de coïncidence entre l'individu et son centre, son idée de centre, que ce centre soit symboliquement résumé dans un lieu, un temps, une personne ou autre. La nostalgie, à sa racine, est la mesure affective de la distance qui sépare le moi du chez-soi, c'est la (dé)mesure de la désunion : « [...] si l'on me retient loin de ce que j'aime, je me sens excentrique à la vraie vie », l'écrivait Merleau-Ponty. L'histoire de la nostalgie s'esquisse comme une histoire de déclinaisons qui s'accordent à une époque, à un milieu (géographique, politique, culturel) et aux expériences personnelles des individus, dévoilant des tensions symptomatiques d'un contexte et, en même temps, des tensions spécifiques individuelles. Dans cette perspective, la nostalgie chez les quatre poètes ici analysés et le rôle que ce sentiment joue dans leurs oeuvres montrent autant des sonorités spécifiques pour chacun d'entre eux que des « harmoniques » qui se répandent de l'un à l'autre.