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Les Compagnons du Trésor : Les Habits noirs VII

Livre numérique


Paul Féval (1816-1887)

"Vers le commencement du règne de Louis-Philippe, au milieu de Paris, agité par les conspirations républicaine et légitimiste, il y avait une maison, austère et calme comme un cloître.

Le bruit et le mouvement l’entouraient, car elle était située non loin du Palais-Royal, à quelques pas du passage Choiseul, où se réunissaient alors, dans le même local, une goguette de « joyeux » vaudevillistes et un des plus célèbres parmi les conciliabules politiques. Mais ni l’écho des harangues, ni le refrain des chansons n’arrivaient jusqu’à cet asile, respecté à l’égal d’un sanctuaire et que la solitude de la rue Thérèse semblait abriter contre tous les tapages de la comédie humaine : clameurs de colère ou cris de plaisir.

Ah ! qu’il était glorieux alors, le toupet du roi-citoyen ! Et son chapeau gris ! Et son parapluie ! Je ne crois pas qu’il y ait eu de souverain plus populaire que Louis-Philippe d’Orléans. Son portrait était à la fois dans tous les journaux à images et sur toutes les murailles, un portrait qui représentait magistralement une grosse poire, déguisée par une paire de favoris anglais et qui était d’une frappante ressemblance.

On s’amusait avec ce cher roi, tout doucement, sans fiel, à la bonne franquette ; on l’appelait « M. Chose » ou « M. Untel », ou encore « La meilleure des républiques » ; son fils aîné n’était connu que sous le nom de Poulot ; on avait fait à sa sœur la réputation de boire des petits verres : tout le monde lui tapait amicalement sur le ventre, en l’accusant de voler aux Tuileries comme dans un bois et d’avoir accroché, par une nuit bien noire, le cou de son vieil oncle, le dernier Bourbon-Condé, à l’espagnolette d’une fenêtre de Saint-Leu pour procurer une position au petit duc d’Aumale, charmant enfant d’ailleurs et fort intelligent.

C’était le bon temps. La Mode, Le Charivari, La Caricature gagnaient un argent fou ; l’hiver, les gamins faisaient des citrouilles de neige qui étaient encore le portrait du roi et qu’on décorait de la fameuse légende : Gros-gras-bête.

N’est-ce pas là le comble de la popularité ?"

Vincent Carpentier est un ancien architecte ruiné devenu maçon pour vivre et élever sa fille. Malheureusement son destin lui fait accepter la demande de son protecteur qui n'est autre que le vieux colonel Bozzo-Corona, éternel chef des Habits noirs : construire une cache secrète dans le mur d'une maison... A quoi servira-t-elle ?

7e opus des "Habits noirs".