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Les mains d'Orlac

Livre numérique


Maurice Renard (1875-1939)

"En ce qui touche Mme Orlac, l’histoire commence le 16 décembre, à 23 h 10.

C’est à ce moment que l’employé à casquette blanche traversa la gare du P.L.M.

Sorti d’un bureau, il allait vers les Départs, courant et criant :

– Empêchez le 49 de partir !

Alors les pressentiments de Mme Orlac se changèrent en angoisse. Et elle connut du même coup que ce malaise dont elle avait souffert toute la journée, c’était cela : des pressentiments.

Car c’est le propre des pressentiments de ne dévoiler leur véritable identité qu’après avoir disparu et lorsque les faits sont venus confirmer à la créature qu’elle avait de bonnes raisons d’être triste, inquiète, nerveuse. De bonnes raisons futures.

Jusque-là, Rosine Orlac ne s’était pas doutée qu’elle fût sombre par anticipation. Cette vague mélancolie, ce petit effroi latent, qui l’avaient saisie dès le matin, n’étaient pas pour elle inédits. Femme au superlatif, étant blonde et parisienne, il lui arrivait parfois de voir tout s’obscurcir, comme si un nuage eût caché passagèrement le soleil. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ne cherchait pas à le savoir. « Tout le monde est comme ça. » Le lendemain, au réveil, le nuage avait passé, et la vie apparaissait de nouveau toute ensoleillée...

Mais, cette fois-ci, ce n’était pas la même chose ! Oh, non ! Elle s’en convainquit après coup. D’autant que la joie de retrouver Stéphen aurait dû chasser de cette journée tout papillon noir !..."

Mme d'Orlac attend le retour de son époux Stéphen, le célèbre pianiste Stéphen d'Orlac. Ella a un mauvais pressentiment qui se justifiera... Le train dans lequel est Stéphen déraille... Dans quel état retouvera-t-elle son époux ? mort... blessé ? Et ses mains...