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La Langue gasconne

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La langue gasconne est l’idiome d’origine latine qui s’est développé en France dans le triangle formé par la Garonne, les Pyrénées et l’Océan : elle y est encore plus ou moins parlée aujourd’hui [1922] par trois millions d’hommes. Son domaine exact sera délimité d’une façon approximative, mais suffisante, quand nous aurons dit qu’au Sud-Est il faut y ajouter le bassin du Salat, et au Nord l’espace compris dans le département de la Gironde entre la Garonne et la Dordogne, tandis que dans les Basses-Pyrénées on doit en retrancher les arrondissements de Mauléon et de Bayonne occupés par la langue basque. Si nous donnons au gascon ce nom de « langue » qui lui a souvent été dénié, c’est que, tout en se rattachant de près à la langue d’oc parlée dans la moitié méridionale de l’ancienne Gaule, il s’en est cependant séparé par des caractères originaux et distinctifs. Cette originalité a été reconnue et constatée de bonne heure, puisque, dès le moyen âge. Mais pourquoi, dans les limites qui viennent d’être indiquées, s’était-il constitué un idiome spécial ? C’est la géographie et l’histoire qui doivent avant tout répondre à la question ainsi posée.

Le texte que nous présentons ici a été publié en 1922 par la Revue méridionale. C’était le temps où la « langue d’oc » suscitait une grande effervescence intellectuelle, surtout autour de Toulouse où s’était créée l’Escòla occitana (1919) et où allait naître la célèbre revue Òc (1924). Édouard Bourciez serait d’ailleurs bientôt l’une des quinze personnalités fondatrices de la Société d’études occitanes (1930), à l’origine elle-même de l’Institut d’études occitanes (1945).

Edouard Bourciez, né à Niort en 1854, il fut, de 1893 à 1927, titulaire de la chaire de langue et littérature romanes de la Faculté de lettres de Bordeaux, après Achille Luchaire (1846-1908), initiateur des études gasconnes. L’un de ses plus grands apports à la connaissance du gascon est l’enquête qu’il fit effectuer en 1894-95 sur les différentes traductions de la Parabole de l’enfant prodigue dans chaque village de Gascogne.