Détrompez-vous, ce n'était guère à cause d'un sentiment de « tout accompli » que j'ai senti ma vie m'échapper (ou que je me suis senti quitter cette vie ?). Tout simplement, ce jour-là, il y a quatre ans, j'ai décidé d'abandonner la bataille que j'avais menée depuis plus d'un an. Deux ans auparavant, j'avais été opéré d'un cancer de la prostate. La maladie avait été repérée assez tôt, et le pronostic avait été optimiste. L'opération s'était très bien passée. Mon chirurgien en avait été ravi. Les examens postopératoires s'étaient révélés plutôt rassurants. Il n'y avait qu'une chose qui clochait : j'étais devenu impuissant. Ainsi se plante le décor de ce roman au thème délicat, inexploité. Peut-on continuer à vivre, en tant qu'homme, quand on est privé de la partie la plus significative de sa virilité ? Le narrateur a tout pour être heureux : une femme, une famille, des amis, un métier, des passions. Mais, bien que sa vie sexuelle ne soit plus au beau fixe depuis plusieurs années, il se déclare "mort" depuis la découverte de son incapacité sexuelle, depuis cinq ans.