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L'École et la passion de l'égalité

Livre numérique


Nous sommes à l’époque des apories, apories que notre époque ne reconnaît pas comme telles. Nous voulons l’égalité « par le haut », une égalité devenue inconciliable avec les limites de la Terre. À l’école, nous revendiquons l’excellence pour tous, mais tous ne disposent pas des mêmes possibilités pour l’atteindre. Nous ne retenons que des causalités essentiellement sociales, quand de multiples déterminations se mettent en place dès la naissance. L’école en reçoit l’héritage. Un héritage par essence complexe. Des différences se constatent au sein des familles elles-mêmes. L’échec ne leur est nullement exclusif. Aussi l’institution scolaire est-elle investie d’une impossible mission. On lui demande d’être la Grande Réparatrice, celle qui remédie à toutes les carences et pourvoit à toutes les insuffisances. Elle n’est pas vierge de toute responsabilité. Contrairement aux modes d’explication les plus confortables, elle n’est pas le lieu d’une sélection uniquement sociale. Elle privilégie certaines aptitudes, récompense certaines performances, au détriment de beaucoup d’autres. De plus en plus centrée sur des problématiques et des apprentissages techniciens, elle maintient les élèves éloignés d’eux-mêmes. Elle les abandonne au désordre de leurs motions pulsionnelles. Avec la violence qui en découle. Il faut changer de paradigme. La lutte contre l’échec scolaire débouchera sur un échec tant que l’on s’obstinera à faire de l’école le seul lieu de la réussite possible. La passion pour l’égalité doit être celle d’une juste mesure accordée à tous dans la non-unicité des parcours et des qualités requises.