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Quand les singes se prennent pour des dieux

Livre numérique


Le glas résonne sur le petit village d’Oudegem. C'est un son lancinant, sinistre, qui étend ses vibrations à travers la nudité des arbres transis par cette fin janvier 2011. Le parvis de l'église est noir de monde. Tous attendent l'arrivée du cercueil et même si le chagrin pèse un peu sur les épaules, chacun sait que le temps a fait son temps et que si mourir n'est jamais une sinécure, c'est dans la logique des choses, surtout à l'approche des quatre-vingt-dix ans d'une vie bien remplie. On bavarde, se retrouve, rien de tel qu'un enterrement pour refaire le point sur sa généalogie et revivre quelques parcelles de souvenirs. On joue au jeu de reconnaître untel, d'être surpris de voir apparaître une vieille tante que l'on croyait déjà enterrée. Les gens bavardent, mais en sourdine, avec dignité laissant échapper de loin en loin un sourire quand ils s'aperçoivent soulagés, qu'ils ne sont pas les plus vieux, les plus moches, les plus abîmés par le temps. On attend... on attend la fin de l'enterrement qui précède.