« D’aspect violacé, cette forme n’avait rien de commun avec un matériel quelconque. À bien y regarder, un volume en relief se détachait d’une immense tache brune, similaire à l’aspect du goudron utilisé dans la fabrication du macadam. Mademoiselle Lassiter s’était alors dépêchée d’alerter une autre voisine et leur conclusion avait été unanime depuis la fenêtre du logement : il s’agissait bien d’un corps baignant dans une mare de sang, mais l’horreur ne s’arrêtait pas là. La nouvelle s’était répandue telle une traînée de poudre à travers ce quartier de Port Salomon : le corps d’une jeune femme retrouvé sans vie sur le toit de son domicile avait été totalement dépecé, la tête de la victime, détachée au niveau des cervicales, était restée à proximité de la dépouille et le cœur avait été extrait du thorax béant. » Cette victime, c’est Adelaïde Forsythe… Toutefois, celle-ci n’est-elle que victime ? Les conditions de sa mort peuvent-elles occulter les parts d’ombre qui l’habitaient, sa morale dévoyée, sa brutalité ? En effet, il y a tout autant de la mante religieuse que du succube dans ce personnage qui règne en maître sur ce roman, mais encore sur le cœur et le corps d’Ahona peu à peu déchu de son statut de prince… Aussi D. G. F. Kapell retourne-t-il un à un, avec "L’Image", les éléments traditionnels du conte de fées, transformant une quête en plongée dans l’horreur, inversant radicalement les rôles masculin et féminin, le tout pour une œuvre fondamentalement transgressive.