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Force nomade

Livre numérique


J’écrivais une date, à côté d’un texte, sachant qu’elle ne correspondait qu’à une représentation fictive de la chose vécue, sachant qu’en l’écrivant, je cédais au découpage temporel, à une aberration pour le moins originale. Je cédais à l’envie de percevoir les actes et les faits tels des aboutissements enchâssés par une progression, je niais toute simultanéité, alors que ce déroulement était chimérique, fabriqué par mes pensées, mon passé, mes expériences. Je n’aurais même pas dû essayer de choisir un titre. C’était trop de vanité, trop de fixité, qui ne décrivaient qu’un assemblage encré de flux d’hier, d’élans imposés à la page. Et je ne pouvais pas y résister : c’était la manifestation d’une facilité.