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La Légende des Siècles

Livre numérique


"... Dehors, c'est la ruine et c'est la solitude On entend, dans sa rauque et vaste inquiétude, Passer sur le hallier par l'été rajeuni Le vent, onde de l'ombre et flot de l'infini On a remis partout des vitres aux verrières Qu'ébranle la rafale arrivant des clairières; L'étrange dans ce lieu ténébreux et rêvant, Ce serait que celui qu'on attend fût vivant; Aux lueurs du sept-bras, qui fait flamboyer presque Les vagues yeux épars sur la lugubre fresque, On voit le long des murs, par place, un escabeau, Quelque long coffre obscur à meubler le tombeau, Et des buffets chargés de cuivre et de faïence; Et la porte, effrayante et sombre confiance, Est formidablement ouverte sur la nuit Rien ne parle en ce lieu d'où tout homme s'enfuit La terreur, dans les coins accroupie, attend l'hôte Cette salle à manger de titans est si haute, Qu'en égarant, de poutre en poutre, son regard Aux étages confus de ce plafond hagard, On est presque étonné de n'y pas voir d'étoiles L'araignée est géante en ces hideuses toiles Flottant, là-haut, parmi les madriers profonds Que mordent aux deux bouts les gueules des griffons La lumière a l'air noire et la salle a l'air morte La nuit retient son souffle On dirait que la porte A peur de remuer tout haut ses deux battants..."